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Un animal apeuré suit n'importe quel maître

- « Mon appareil montre que votre foie est malade à 70% et vos reins à 80%… » dit un naturopathe.

 

 - « Si vous ne prenez pas le traitement que je vous prescris, dans quelques mois vous êtes aveugle… » annonce un médecin pour un problème ancien d’hypertension oculaire à un patient qui refuse les traitements chimiques. 

 

- « Votre cancer ne réagit plus à la chimiothérapie… Vous n’avez plus que quelques mois à vivre… » déclare l’oncologue.

 

Ainsi entendons-nous trop souvent ce genre de propos de la part de professionnels de santé - médecins et non-médecins - au grand désespoir de leurs patients. Que penser de telles déclarations ? Sont-elles utiles à la guérison ? Il semble pourtant normal de la part d’un professionnel de santé de dire toute la vérité à ses malades. Mais alors, pourquoi les médecins chinois prétendent que ce genre de discours est dangereux pour le patient ? Finalement, quelles paroles devrait privilégier un praticien s’il souhaite agir de manière juste, humaine et responsable ?

 

un praticien de santé doit-il dire toute la vérité à son patient ?

A moins d’être incapable de se mettre à la place de l’autre, il est évident que toute vérité douloureuse à entendre en matière médicale - même si elle est vraie - est à manier avec la plus grande prudence. En effet, certains patients vivent ces propos comme un traumatisme majeur et une sentence définitive leur ôtant tout espoir de guérison. 

 

D’autres gardent en mémoire toute leur vie les propos énoncés une fois par un médecin ou un thérapeute. C’est ainsi que certains déclarent : « Mon foie est malade… On me l’a toujours dit… (1)» ou « A 45 ans, j’ai un dos mal en point… J’aurai mal jusqu’à la fin de mes jours… me dit mon médecin (2) ». Ou encore « Mon système hormonal est épuisé… Mon gynécologue m’a dit que je n’aurai jamais d’enfants alors que j’ai 38 ans (3)».

Le diagnostic de votre praticien est-il fiable ?

Le reflet d’un instant « t »: il se peut que les mesures et les constats du thérapeute ou du médecin soient le reflet d’un état général à un  instant « t » et ne soient pas conformes à la réalité biologique et énergétique permanente du patient. A quoi bon l’anéantir avec des propos anxiogènes et contre productifs ? Il est tout à fait possible lors d’une prochaine visite - quelques mois plus tard, après des vacances ou l’apaisement d’un conflit émotionnel - que le corps exprime des résultats beaucoup plus rassurants.

 

Un ressenti subjectif et des mesures discutables : de quel moyen et de quel appareil se sert le praticien ? Son ressenti ou ses appareils de mesure reflètent-ils une vérité intangible ? 

 

Aussi, tout thérapeute ne devrait-il pas essayer d’inclure ces présentes réserves de bon sens avant de s’exprimer ? Ne sous-estimons pas l’impact de tels propos sur un patient déjà fragilisé.

 

La maladie, selon la MTC, étant le reflet d’un déséquilibre, tout discours très déstabilisant peut aggraver l’état du patient et même lui faire perdre définitivement son équilibre. Comment est-ce possible ?

la peur fait baisser l'énergie des reins

Selon la MTC, les Reins (énergétiques) sont la réserve d’énergie du corps qui sous-tend l’être tout entier et plus particulièrement son système immunitaire et son système nerveux. Souvenez-vous que pour les Chinois, les Reins sont à relier à l’expression « avoir les Reins solides » qui signifie « être fort et capable d’encaisser tous les à-coups de la vie ». Bien évidemment, plus nous avançons en âge ou plus nous avons puisé dans nos réserves, moins nous avons les Reins solides.

 

Et même si les causes des déséquilibres du corps énergétique en MTC sont multiples et variées, nous retrouvons une constante chez la majorité des patients atteints de pathologies chroniques qui est une faiblesse des Reins énergétiques. 

 

Or, selon la MTC, chaque organe va être affecté par une émotion particulière. Et il se trouve que les Reins sont très sensibles à la peur.

 

C’est la raison pour laquelle faire peur à un patient est déconseillé, car elle peut aggraver subitement son état. C’est ainsi qu’une patiente, venant de faire une première poussée de sclérose en plaques, suite au discours terrifiant de son médecin lui décrivant sans ménagement l’évolution de sa maladie, se retrouva en quelques jours en chaise roulante. 

 

A moins de vouloir impressionner le patient et surtout le persuader que le thérapeute est le seul à pouvoir l’aider, quel que soit le prix à payer, cette façon de procéder n’est ni médicalement, ni humainement acceptable. Paralysé par la peur suite à un tel discours, il est évident que la personne suit à la lettre les prescriptions du dit thérapeute. D’où le dicton : « Un animal apeuré suit n’importe quel maître »(4). 

il est donc préférable de mentir au patient ?

La question ne se pose pas en ces termes : soit mentir, soit dire la vérité ! Comme toujours les choses sont plus nuancées et doivent se faire au cas par cas. 

 

Si un patient consomme trop de certains aliments ou vit de manière déraisonnable, mieux vaut lui dire la vérité et lui expliquer de manière convaincante en quoi ses symptômes sont liés à sa façon de vivre. 

Cependant, d’une manière générale le premier principe de bon sens devrait être d’essayer de ne jamais faire peur au patient. 

 

En revanche, comme toute maladie est le reflet d’un déséquilibre, le thérapeute se doit avant tout de rechercher la ou les causes du déséquilibre qu’il constate.

Et si la maladie avait un sens ?

On peut le penser, ne serait-ce que celui de nous aider à prendre conscience de nos erreurs vis à vis des lois de la nature ? 

 

C’est assez évident lorsque, par exemple, nous avons des maux d’estomac parce que nous mangeons mal ou souffrons de fatigue chronique parce que nous dormons peu. C’est toujours plus difficile en revanche lorsque nous sommes face à une pathologie chronique, une maladie auto-immune ou génétique ou encore un cancer.

 

Quoi qu’il en soit, n’avons-nous pas constaté plus d’une fois qu’une personne ayant traversé une terrible maladie en est sortie grandie et transformée ? Qui sait quels chemins choisit parfois la Vie pour nous forcer à progresser ?

 

Dans tous les cas, il semble sage d’accepter que nous ne sommes pas malades par hasard, qu’il y a toujours une ou des causes et que la prise de conscience de ces causes nous aide à évoluer. C’est la raison pour laquelle tout patient devrait être impliqué dans les soins qui lui sont proposés afin de l’aider à devenir pleinement acteur de sa guérison. 

 

Aussi, les questions à se poser lors de toute pathologie ne devraient-elles pas être de cet ordre : Qu’est-ce qui m’arrive ? Qu’est-ce que mon corps ou la Vie essaie de me dire ? Quelle prise de conscience dois-je faire et que dois-je changer dans ma manière de vivre ou de penser ? Ou encore : Qu’est-ce que mon corps exprime que je n’ai pas osé exprimer jusqu’ici ? (« Ce qui n’est pas exprimé, s’imprime… »).

 

en conclusion

Il semble inutile et mal à propos en tant que thérapeute d’accabler nos patients sans ménagement de nos ressentis et autres diagnostics. Ces patients ne sont-ils pas venus confiants vers nous parce qu’ils avaient besoin d’aide ? N’est-il pas préférable dans tous les cas de savoir se taire sur son diagnostic (comme le font les plus grands) tout en exerçant son art ? N’est-il pas préférable de donner des conseils permettant au patient de corriger son déséquilibre ? N’est-il pas enfin préférable de savoir trouver les mots justes, lorsque c’est nécessaire, pour toujours rassurer et surtout encourager son patient ?

 

Et si celui-ci est dans une impasse suite à une maladie chronique ou grave, le discours raisonnable d’un véritable thérapeute dans l’âme ne devrait-il pas être le suivant : « Compte tenu de mes connaissances, je ne sais plus vous aider. Mais il se peut que d’autres aient des solutions. Gardez confiance et espoir… Et continuez à chercher. » Qui peut en effet prétendre maîtriser l’étendue des techniques de soin existantes ? Qui peut prétendre avoir raison tout seul ? L’humilité face à la complexité de l’être ne devrait-elle pas être la première vertu de tout thérapeute, médecin et non-médecin ?

 

Enfin, s’intéresser à des questions existentielles et les approfondir devrait faire partie du cursus et des préoccupations de tout accompagnateur de santé. Car, même si ces questions existentielles ne sont pas abordées de front avec le patient, nul doute que la conscience du thérapeute agit, y compris dans ses silences, car elle renforce alors la qualité de son écoute. 

 

Elles permettent également, quand il y a trop de souffrance, d’apporter de la lumière et de la hauteur face à la maladie pour accompagner ceux qui souffrent vers la véritable guérison… Celle de l’âme !

 


1. Le Foie est l’organe de l’extériorisation et donc de l’expression en MTC. Qui peut dire qu’il peut toujours exprimer et

faire ce qu’il désire ? N’avons-nous pas tous - plus ou moins selon les périodes de notre vie - un Foie en souffrance ?

 

2.  Des études ont montré qu’il n’y avait pas de cohérences entre les images médicales et les douleurs de dos. Certains ont des radios montrant des lésions mais ne souffrent pas. D’autres ont très mal au dos sans cause radiologique visible.

 

3.  Heureusement, après un ou deux soins en médecine complémentaire, cette patiente est naturellement devenue maman. 

 

4.  Ce procédé est largement utilisé et exploité depuis la nuit des temps dans le domaine médical comme dans bien d’autres  (publicitaires, commerçants, assureurs, politiciens,…).

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